Le jeûne en l’honneur de la Très Sainte Mère de Dieu : le jeûne de la Dormition
Le jeûne en l’honneur de la Très Sainte Mère de Dieu : le jeûne de la Dormition
1/14 - 14/27 août
Dans l’Église du Christ, la personne de la Très Sainte Mère de Dieu a toujours été l’objet d’une vénération particulière. L’un des signes de cet amour et de cette dévotion est le jeûne de la Dormition (ou jeûne de la Mère de Dieu), établi en son honneur.
Dès l’Ancien Testament, la figure de la Vierge Marie est annoncée au peuple de Dieu à travers de nombreux types et préfigurations : l’échelle de Jacob, le buisson ardent, le passage miraculeux de la mer Rouge, la manne dans l’arche, ou encore la toison de Gédéon. Le prophète Isaïe annonce clairement :
« Voici, la Vierge concevra, elle enfantera un fils et on lui donnera le nom d’Emmanuel » (Is 7,14).
En raison de son rôle unique et inestimable dans l’Incarnation du Seigneur Jésus Christ, la Très Sainte Souveraine Mère de Dieu a toujours été entourée d’un respect particulier. C’est dans cet esprit que l’Église, avec sagesse, a institué le jeûne de la Dormition, en préparation à la fête de sa Dormition.
Ce jeûne, le plus récent des quatre grands jeûnes de l’année liturgique, s’inspire de l’exemple de la Très Sainte Mère de Dieu, qui, selon la tradition, a passé les derniers jours de sa vie dans le jeûne et la prière. Il est plus strict que le jeûne de la Nativité et le jeûne des Saints Apôtres, bien que plus doux que celui du Grand Carême.
Le jeûne de la Dormition est plus récent que la fête elle-même. Sa première mention apparaît dans les écrits de saint Théodore Studite (†826), qui note :
« Il faut aussi observer le jeûne en l’honneur de la Mère de Dieu, sauf le jour de la Transfiguration du Seigneur, où l’on peut consommer de l’huile et du poisson. »
Certains pensent que ce jeûne a été instauré afin que l’Église d’Orient, comme celle d’Occident, dispose de quatre grands jeûnes correspondant aux quatre saisons. Lors de sa mise en place, la principale difficulté concernait la fête de la Transfiguration, célébrée le 6/19 août, qui tombe en plein milieu du jeûne.
Un autre témoignage important nous vient du tomos d’union de 920, qui précise que les fidèles mariés ne pouvaient communier que trois fois dans l’année : à Pâques, à Noël et à la Dormition. D’autres sources anciennes, comme l’évêque Athanase de Césarée ou Nikon le Monténégrin, citent une lettre du métropolite Jean de Nicée au catholicos arménien Zacharie, dans laquelle est mentionné ce jeûne.
Nikon rapporte que ceux qui observaient ce jeûne se référaient à la Tradition apostolique. Aux moines du Mont Athos qui posaient la question, le patriarche Nicolas confirma que le jeûne existait déjà, mais avait été déplacé à cause de l’influence des jeûnes païens.
Selon ce même patriarche, le jeûne en l’honneur de la Mère de Dieu était observé de manière spéciale par les malades qui cherchaient la guérison.
Dans l’ouvrage Des trois Carêmes, attribué au patriarche Anastase d’Antioche, il est fait mention d’un jeûne existant entre la Pentecôte et la Dormition. En raison de sa longueur, ce jeûne aurait été divisé en deux : le jeûne des Apôtres et celui de la Dormition, donnant ainsi les quatre grands jeûnes liturgiques. Le jeûne de la Dormition fut définitivement fixé lors du synode de Constantinople en 1166, sous le patriarcat de Luc Chrysoberges (1156–1169).
Malgré cela, les typikons (livres liturgiques) ne mentionnent pas ce jeûne avant le XIIe siècle. La première mention se trouve dans le typikon du monastère Saint-Nicolas de Casula, en Italie du Sud (1174), où il est précisé que ce jeûne commence le 2/15 août, non le 1/14 août.
Concernant la liturgie, seul le Grand Carême possède un cycle propre. Toutefois, en Grèce, il existe la belle tradition de chanter chaque soir après les vêpres l’office de la Paraclisis à la Mère de Dieu, en signe de prière fervente durant tout le jeûne.
Enfin, rappelons que tout jeûne est inséparablement lié à la Sainte Eucharistie. Le jeûne prend tout son sens lorsqu’il est vécu dans la vie liturgique de l’Église. Les efforts du chrétien dans le jeûne et la prière trouvent leur plénitude dans la participation à la Divine Liturgie. Car le jeûne, loin d’être un acte individuel, est soutenu et couronné par l’expérience eucharistique de l’Église.
Branislav Ilić, théologien
Aspects pratiques du Carême de la Dormition
Le jeûne de la Dormition, également appelé jeûne de la Mère de Dieu, est observé du 1er au 14 août selon le calendrier grégorien (du 15 au 27 août selon le calendrier julien). Ce jeûne se distingue par sa rigueur : les fidèles s’abstiennent de consommer des produits d’origine animale et privilégient des repas végétaux cuits à l’eau, sans ajout de matière grasse.
Les samedis et dimanches, l’usage de l’huile et du vin est autorisé. Le 6 août (ou le 19 août dans le calendrier julien), jour de la Transfiguration du Seigneur, la consommation de poisson est permise. Si la fête de la Dormition tombe un mercredi ou un vendredi, la consommation de poisson est également recommandée ce jour-là.
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